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Photo : Openverse

Surconsommation : les Français·es pris·es la main dans le sac de leurs contradictions

Un son­dage publié la semaine der­nière par l’Ademe montre que si 77 % des Français·es pensent que “notre manière de consom­mer est nui­sible à l’environnement”, seul·es 28 % admettent consom­mer trop.

La sobrié­té, c’est super, mais sur­tout chez les autres. C’est, en résu­mé, les résul­tats d’un son­dage publié le 7 mars par l’Agence de l’environnement et de la maî­trise de l’énergie (Ademe) inter­ro­geant le rap­port des Français·es à la consom­ma­tion et aux efforts col­lec­tifs et indi­vi­duels de sobrié­té néces­saires à la pré­ser­va­tion de notre environnement. 

Établi à l’appui d’un échan­tillon de 4 000 per­sonnes repré­sen­ta­tives de la popu­la­tion de France métro­po­li­taine et âgées de 18 à 75 ans, le baro­mètre “Sobriété et modes de vie” réa­li­sé en par­te­na­riat avec l’ObSoCo porte tout d’abord une bonne nou­velle, aux yeux du président-​directeur géné­ral de l’Ademe, Sylvain Waserman : “Les chiffres le démontrent : mal­gré un contexte de forte infla­tion, les Français res­tent avant-​gardistes dans leur vision de la sobrié­té et de la lutte contre la surconsommation.” 

Premier ensei­gne­ment de cette étude, la notion de sobrié­té a en effet la cote : 41 % des sondé·es en ont une per­cep­tion posi­tive contre 15 %, une per­cep­tion néga­tive et, élé­ment inté­res­sant, plus les per­sonnes ont le sen­ti­ment de vivre confor­ta­ble­ment, plus elles y adhèrent. 50 % des per­sonnes qui ont le sen­ti­ment de vivre confor­ta­ble­ment en ont une per­cep­tion posi­tive contre 27 % par­mi ceux qui ont le sen­ti­ment de ne vrai­ment pas s’en sor­tir financièrement. 

Cette adhé­sion à la sobrié­té est moti­vée par des fac­teurs éco­no­miques, mais aus­si par une pré­oc­cu­pa­tion envi­ron­ne­men­tale. Ainsi, 77 % des per­sonnes inter­ro­gées affirment que “notre manière de consom­mer est nui­sible à l’environnement”. De la même manière, 83 % du panel consi­dèrent qu’en France nous avons “ten­dance à accor­der trop d’importance à la consom­ma­tion maté­rielle” et 81 % estiment que “les gens passent trop de temps à consom­mer plu­tôt qu’à pro­fi­ter des plai­sirs simples de la vie”.

Peu de remise en ques­tion personnelle

“Les gens” donc, les autres, car, en ce qui concerne leurs usages per­son­nels, les Français·es sont persuadé·es de bien faire. 82 % ont ain­si le sen­ti­ment d’avoir un mode de vie déjà sobre et “une large majo­ri­té ne se consi­dère pas dans l’excès quel que soit le type de pra­tiques” étu­diées par le son­dage (mobi­li­té du quo­ti­dien, tou­risme, ali­men­ta­tion, loge­ment, consom­ma­tion de biens et de ser­vices, numé­rique), explique l’Ademe. Dans le détail, cela donne par exemple 19 % seule­ment d’automobilistes uti­li­sant leur voi­ture tous les jours qui ont le sen­ti­ment de l’utiliser de manière exces­sive. Ou encore seul·es 3 % des usager·ères du trans­port aérien qui ont le sen­ti­ment d’avoir un usage exces­sif de l’avion ; 7 % des Français·es recon­nais­sant qu’ils et elles renou­vellent trop fré­quem­ment leur télé­phone por­table et 14 % esti­mant que leur consom­ma­tion de vête­ments est exces­sive par rap­port à leurs besoins. Au glo­bal, seul·es 28 % d’entre nous avons le sen­ti­ment de “consom­mer trop.

Pour l’Ademe, ces résul­tats posent “ques­tion au regard de l’ampleur des enjeux envi­ron­ne­men­taux actuels et du che­min à par­cou­rir pour atteindre notam­ment les objec­tifs de neu­tra­li­té car­bone”. Plutôt que de remettre en cause ses propres modes de consom­ma­tion, on pré­fère attendre “avant tout que des mesures fortes soient prises par l’État et les acteurs éco­no­miques”, observe Sylvain Waserman. Le son­dage montre en effet que moins d’un Français sur deux juge que l’État et les grandes entre­prises agissent effec­ti­ve­ment pour limi­ter les impacts de leurs acti­vi­tés sur les res­sources de la pla­nète. 44 % pensent même que les grandes entre­prises n’agissent pas du tout pour limi­ter l’impact de leurs activités. 

Et nous ne sommes pas à une contra­dic­tion près. Alors que nous avons du mal à repen­ser nos modes de vie per­son­nels, nous serions 72 % à consi­dé­rer que “l’État devrait faire plus pour pré­ser­ver l’environnement, même si cela signi­fie contrô­ler ou limi­ter cer­taines pra­tiques” (par exemple, les voyages en avion ou les dépla­ce­ments avec des véhi­cules qui roulent à l’essence). On voit là les limites des poli­tiques sim­ple­ment incitatives. 

Lire aus­si l Éclairage publi­ci­taire : tour de vis pour les com­merces qui n’éteignent pas la nuit

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