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Angela Davis © Wikipédia

Lycée Angela Davis : les enseignant·es dénoncent « une ins­tru­men­ta­li­sa­tion poli­tique » suite à la rebap­ti­sa­tion de l'établissement au nom de Rosa Parks

Dans une tri­bune publiée ce jeu­di dans les colonnes de Libération, les enseignant·es du lycée Angela Davis situé à Saint-​Denis (Seine-​Saint-​Denis) dénoncent l'instrumentalisation poli­tique de leur éta­blis­se­ment suite à la déci­sion du conseil régio­nal d'Ile-de-France qui a renom­mé, le mer­cre­di 5 juillet, le lycée Angela Davis au nom de Rosa Parks.

Les enseignant·es du lycée Angela Davis, situé à Saint-​Denis (Seine-​Saint-​Denis), ont signé une tri­bune, publiée ce jeu­di dans Libération, où ils et elles fus­tigent la déci­sion du conseil régio­nal d'Ile-de-France (diri­gé par Valérie Pécresse) qui a renom­mé l'établissement au nom de Rosa Parks. Cette déci­sion a été prise le mer­cre­di 5 juillet, lors d'une com­mis­sion per­ma­nente de la Région, mal­gré l'avis du ministre de l'Éducation Pap Ndiaye, qui avait adres­sé, en avril der­nier, un cour­rier à Valérie Pécresse dans lequel il ne jugeait « pas oppor­tun de chan­ger le nom » de l’établissement.

D'ailleurs le 21 juin der­nier, lors d'un conseil d'administration de l’établissement, les élu·es du per­son­nel des parents et des élèves avaient choi­si de gar­der le nom d'Angela Davis. « Encore une fois, c’est la voix de notre jeu­nesse qui est igno­rée : alors que les élèves, avec les parents et l’entière com­mu­nau­té édu­ca­tive, avaient voté pour Angela Davis, on pié­tine leur expres­sion comme si elle n’était rien. » fus­tigent les enseignant·es dans leur tribune.

Les posi­tions d'Angela Davis mis en cause

Le lycée porte le nom d'Angela Davis, mili­tante pour les droits civiques aux États-​Unis et ancienne membre du Mouvement Black Panther, depuis un vote du conseil d’administration de cet éta­blis­se­ment qui s'est dérou­lé en 2018. Valérie Pécresse jus­ti­fie le chan­ge­ment de nom en poin­tant du doigt les posi­tions de la mili­tante amé­ri­caine, qui selon elle serait « contraires aux lois de la République ». « Certaines prises de posi­tion d'Angela Davis vis-​à-​vis des lois de la République et de l'Etat fran­çais font qu'il ne me semble pas judi­cieux de don­ner le nom Angela Davis au lycée » s'est-elle jus­ti­fiée lors de la com­mis­sion permanente. 

La pré­si­dente de la région d'Ile-de-France fait réfé­rence aux pro­pos qu'Angela Davis a tenus dans une tri­bune signée en 2021 qui dénon­çait la men­ta­li­té colo­niale dans les struc­tures de gou­ver­nance de la France. « Cette men­ta­li­té colo­niale se mani­feste dans les struc­tures de gou­ver­nance de la France, en par­ti­cu­lier vis-​à-​vis des citoyen·nes et des immigré·es racisé·es. » disait-​elle dans la tribune.

Pour les enseignant·es du lycée Angela Davis, qui accueille plus de 1 000 élèves, Valérie Pécresse ins­tru­men­ta­lise poli­ti­que­ment leur éta­blis­se­ment avec ce chan­ge­ment de nom : « En reje­tant cette icône, il s’agit ici de répondre au « wokisme » pré­su­mé d’un nom en le rem­pla­çant par un autre jugé plus consen­suel. » expliquent les professeur·es dans leur tribune.

Opposer deux femmes noires fémi­nistes et antiracistes

Ce qui sidère les enseignant·es du lycée, c'est le fait d'opposer deux femmes noires fémi­nistes et anti­ra­cistes en chan­geant le nom Angela Davis avec celui de Rosa Parks. Une oppo­si­tion qu'ils et elles consi­dé­rent comme une « absur­di­té his­to­rique et poli­tique ». La pré­si­dente de la région d'Ile-de-France estime que Rosa Parks était une figure plus « consen­suelle » com­pa­rée à Angela Davis. Or, Rosa Parks (décé­dée en 2005) était elle aus­si une grande figure de la lutte contre le racisme mais aus­si anti­sé­gré­ga­tion­niste aux États-Unis.

Les enseignant·es du lycée Angela Davis refusent d’être les vic­times de « cette basse manœuvre poli­tique » et « que les quar­tiers popu­laires soient, d'autant plus dans le contexte actuel de mobi­li­sa­tion de la jeu­nesse après la mort du jeune Nahel de la main de la police à Nanterre, à nou­veau stig­ma­ti­sés et ins­tru­men­ta­li­sés par cette droite bour­geoise et conser­va­trice. »

Lire aus­si l Rokhaya Diallo : « Angela Davis a tou­jours été à la pointe de tous les combats »

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