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©Annie Spratt

L’Arcom demande à la jus­tice de blo­quer cinq sites por­no tou­jours acces­sibles aux mineur·es

Le régu­la­teur des médias, l’Arcom (ex-​CSA), a annon­cé mar­di 8 mars avoir sai­si la jus­tice pour deman­der le blo­cage de cinq sites por­no­gra­phiques som­més depuis décembre d’empêcher l’accès des mineur·es à leurs contenus.

Après le temps des mises en garde vient celui des sanc­tions. « Nous avons déci­dé de sai­sir » la jus­tice car les « mises en demeure » adres­sées à cinq sites por­no­gra­phiques en décembre n’ont pas été sui­vies d’effet, a annon­cé le pré­sident de l’Autorité de régu­la­tion de la com­mu­ni­ca­tion audio­vi­suelle et numé­rique (Arcom)*, Roch-​Olivier Maistre, le 8 mars, en marge d’une confé­rence de presse sur la repré­sen­ta­tion des femmes à la télé­vi­sion et à la radio.

Cinq sites por­no­gra­phiques acces­sibles depuis la France sont mis en cause : Pornhub, Tukif, Xvideos, Xhamster et Xnxx. Ils avaient jusqu’au 28 décembre 2021 pour ins­tau­rer un blo­cage effi­cace aux moins de 18 ans. La date butoir étant lar­ge­ment dépas­sée, l’Arcom a sai­si le pré­sident du tri­bu­nal judi­ciaire de Paris pour qu’il ordonne aux prin­ci­paux four­nis­seurs d’accès à inter­net d’empêcher désor­mais tout accès à ces sites. Pornhub et Xhamster, éta­blis à Chypre, appar­tiennent au géant du por­no MindGeek, domi­ci­lié juri­di­que­ment au Luxembourg. Xvidéos et Xnxx sont quant à eux ins­tal­lés en République tchèque et Tukif au Portugal.

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Dans cette pro­cé­dure en réfé­ré (c'est à dire urgente), une date d’audience a été fixée au 24 mai, a appris l’AFP de source judi­ciaire. Si la jus­tice confirme le blo­cage, les sites ne seront plus acces­sibles à par­tir du ter­ri­toire fran­çais et les inter­nautes « seront alors auto­ma­ti­que­ment redi­ri­gés vers une page d’information expli­quant » ce blo­cage, pré­cise l’Arcom. Le cas échéant, le gen­darme de l’audiovisuel pour­ra de nou­veau sai­sir la jus­tice si « les sites blo­qués sont ren­dus acces­sibles à par­tir d’autres adresses (des sites “miroirs”) » et « demeurent acces­sibles aux mineurs ». L’Arcom pour­ra aus­si « deman­der au juge d’ordonner » leur déré­fé­ren­ce­ment « par les moteurs de recherche ».

Protéger les mineur·es

Pour endi­guer l’accès de plus en plus pré­coce des mineur·es aux conte­nus por­no­gra­phiques, la loi du 30 juillet 2020 oblige désor­mais les sites X acces­sibles depuis la France à mettre en place un strict contrôle de l’âge de leurs inter­nautes. Cette loi a per­mis à l’Arcom d’adresser une injonc­tion de mise en confor­mi­té à ces cinq sites frau­du­leux et, à défaut de sai­sir le pré­sident du tri­bu­nal judi­ciaire de Paris afin qu’il ordonne aux four­nis­seurs d’accès à inter­net le blo­cage des sites en cause. Faute de décret d’application, arri­vé tar­di­ve­ment le 7 octobre 2021, ce n’est qu’en décembre que ces cinq sites por­no­gra­phiques ont reçu cet ordre. Une mise en demeure qui n’a donc pas été res­pec­tée et qui abou­tit aujourd’hui à la sai­sie de la jus­tice par l’Arcom.

Mais com­ment mettre en place un blo­cage effi­cace ? Il n’existerait à ce jour aucune méthode légale pour y par­ve­nir. Dans son avis ren­du le 3 juin 2021, la Commission natio­nale de l’informatique et des liber­tés (Cnil) décré­tait qu’un sys­tème de véri­fi­ca­tion qui col­lecte des infor­ma­tions sur l’identité des inter­nautes serait illé­gal et ris­qué. « Une telle col­lecte de don­nées pré­sen­te­rait, en effet, des risques impor­tants pour les per­sonnes concer­nées dès lors que leur orien­ta­tion sexuelle – réelle ou sup­po­sée – pour­rait être déduite des conte­nus visua­li­sés et direc­te­ment rat­ta­chée à leur iden­ti­té », aler­tait la Cnil qui pré­co­nise la véri­fi­ca­tion de l’âge par un tiers de confiance. Face à ce pro­blème, la séna­trice Les Républicains Marie Mercier, à l’origine de la loi, rap­pe­lait en novembre que c’est aux sites de trou­ver une solu­tion : « Je ne veux pas savoir com­ment ils se débrouillent, mais ils doivent trou­ver une solu­tion. La loi, c’est la loi ».

*Arcom est une ins­ti­tu­tion née de la fusion entre le CSA et Hadopi en jan­vier 2022

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