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Discriminations : les Français·es disent non en théo­rie, mais les vio­lences persistent

Moins raciste, moins homophobe, moins sexiste… La société française se dit aujourd’hui bien plus ouverte qu’il y a vingt ans, selon le dernier rapport sur les discriminations de l’Observatoire des inégalités. Dans les faits pourtant, les violences persistent.

En un an, “plus de 500 000 personnes déclarent avoir subi une injure raciste, 150 000 une injure homophobe et 1,4 million de femmes une injure sexiste”, dévoile aujourd’hui le rapport 2023 sur les discriminations de l’Observatoire des inégalités. En France, les formes les plus violentes de discrimination et de rejet ne diminuent pas. Selon le ministère de l’Intérieur, la police et la gendarmerie ont ainsi enregistré 12 500 crimes et délits à caractère raciste en 2022 – un chiffre en hausse depuis cinq ans – ainsi que 2 400 crimes et délits anti-LGBTQIA+, près de deux fois plus qu’en 2017. À cela s’ajoutent les crimes et délits sexistes, 200 000 enregistrés en 2020, presque entièrement dirigés contre des femmes. Si ces chiffres en hausse témoignent d’une plus grande dénonciation et d’une meilleure prise en charge des faits de discrimination, ils contrastent cependant avec les valeurs qu’une majorité de la population affirme partager.

La société française est plus ouverte qu’il y a vingt”, poursuit le rapport. Les mentalités évoluent en effet. 60 % des Français·es déclarent désormais être “pas du tout racistes”, soit deux fois plus qu’il y a vingt ans, d’après la Commission nationale consultative des droits de l’homme. Seuls 5 % de la population pense aujourd’hui qu’il y a des “races supérieures à d’autres”, contre 14 % auparavant. Le sexisme recule lui aussi, puisque – selon le ministère des Solidarités – le pourcentage de personnes qui considèrent que “dans l’idéal, les femmes devraient rester à la maison pour élever leurs enfants” est passé de 40 à 20 % ces vingt dernières années. Même chose du côté de l’homophobie, 85 % de la population percevant l’homosexualité comme “une manière comme une autre de vivre sa sexualité”, contre 67 % il y a vingt ans, d’après l’Ifop. Des chiffres qui laissent tout de même entrevoir que 5, 20 et 15 % de répondant·es peuvent entretenir encore des visions racistes, sexistes et/ou homophobes, visions potentiellement responsables des violences qui surviennent toujours au sein de la société française.

Et/ou”, car comme le souligne ce rapport, les discriminations sont cumulables et peuvent venir s’ajouter à des inégalités sociales. L’Observatoire des inégalités souligne ainsi que les personnes au nom maghrébin, africain, les descendant·es d’immigré·es, les personnes en situation de handicap… sont confrontées à des inégalités et formes de discrimination qui peuvent s’ajouter aux violences explicitement racistes, sexistes ou homophobes. Une personne noire en situation de handicap sera par exemple confrontée à une double discrimination, tout comme une femme lesbienne ou une personne trans afrodescendante. Avec ses volets “personnes de couleurs”, “femmes”, “personnes homosexuelles”… ce rapport 2023 se présente de manière à “découper la réalité sociale”, mais précise que ces caractéristiques peuvent tout à fait se combiner. “Pour avancer, il faut juste admettre qu’inégalités et discriminations se conjuguent, parfois pour se compenser, parfois pour s’additionner”, écrivent ainsi Anne Brunner, directrice des études, et Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités, en guise d’avant-propos de ce rapport 2023.

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