NYC
Captures écran des comptes tiktok @halleykate, @olivia.brand et @jill_burke

Vague de coups de poing en pleine rue à New York : c’est quoi ce délire ?

À New York, des jeunes femmes racontent avoir été frap­pées au visage par un incon­nu dans la rue en pleine jour­née. Le phé­no­mène dure depuis plu­sieurs semaines et cer­taines vic­times ont par­ta­gé leur expé­rience sur TikTok – où ces attaques pro­voquent de vives réac­tions –, tan­dis que la police locale peine à recon­naître le carac­tère miso­gyne de ce phénomène. 

“Je mar­chais dans la rue et un homme s’est appro­ché de moi et m’a frap­pée au visage”, raconte, les larmes aux yeux, Halley Kate, une influen­ceuse new-​yorkaise dans une vidéo pos­tée le 25 mars sur TikTok et vision­née à ce jour plus de 50 mil­lions de fois. Depuis la mi-​mars, qua­torze femmes ont signa­lé avoir été frap­pées dans les rues de New York par un homme sur­gis­sant de nulle part et qu’elles ne connais­saient pas, selon les auto­ri­tés locales. Ces attaques ont eu lieu en pleine jour­née, la plu­part dans le quar­tier du Lower Manhattan. Si des actes d’incivilité sur­viennent quo­ti­dien­ne­ment dans les grandes villes, et notam­ment la plus peu­plée des États-​Unis, le par­tage en ligne de ces attaques – prin­ci­pa­le­ment sur la pla­te­forme chi­noise – ain­si que leur dimen­sion à la fois arbi­traire et sexiste, selon un mode opé­ra­toire sem­blable à chaque fois, fait l’effet d’une vague d’attaques miso­gynes plu­tôt inédite. 

Lisa Pires, qui réside à Amsterdam, se remé­more auprès du New York Times avoir vu pas­ser sur TikTok des vidéos ren­dant compte de ces attaques durant le mois de mars. “Je me sou­viens avoir pen­sé que ça sem­blait tel­le­ment absurde que ça ne pou­vait pas vrai­ment être un phé­no­mène”, explique la jeune femme. Alors qu’elle était en dépla­ce­ment à New York, vers la fin de la pre­mière semaine d’avril, cette der­nière rap­porte avoir elle aus­si reçu un coup de poing en pleine rue d’un incon­nu. Elle a signa­lé l’incident auprès de la police du dis­trict, où un détec­tive lui a dit que ce type d’attaques étaient “un peu toute une affaire en ce moment”. L’oreille de Pires était tumé­fiée après cette agres­sion et son visage cou­vert de bleus. Halley Kate a quant à elle souf­fert d’un héma­tome à la tempe, tan­dis qu’une autre vic­time ano­nyme aurait eu le nez cas­sé, selon la police. 

À l’heure actuelle, deux hommes ont été arrê­tés sépa­ré­ment et incul­pés pour agres­sion mineure. D’après le média new-​yorkais The Cut, ces per­sonnes n’ont pas été mises en cause dans de mul­tiples agres­sions mais bien dans le cadre de cas iso­lés. De plus, les des­crip­tions des femmes concer­nant leurs agres­seurs dif­fèrent. Lisa Pires rap­porte par exemple au New York Times que son assaillant était “plu­tôt bien habillé”, tan­dis que d’autres vic­times décrivent un homme qui por­tait des dread­locks et avait l’air sans-​abri. The Cut pré­cise que si beau­coup d’utilisatrices TikTok disent avoir été atta­quées par un homme noir, une autre assure que son agres­seur était blanc. Sarah Harvard – une jeune femme elle aus­si frap­pée à l’arrière de la tête dans la rue le 19 mars – explique par ailleurs au média amé­ri­cain qu’elle était au départ hési­tante à l’idée d’impliquer la police, “un groupe connu pour sa force meur­trière”, fai­sant réfé­rence aux nom­breux cas de vio­lences poli­cières recen­sés aux États-​Unis. D’autant plus lorsqu’on sait “com­ment ils traitent les gens qui res­semblent à mon agres­seur”, ajoute la jeune femme, qui décrit un homme noir avec des dread­locks. Harvard se méfie éga­le­ment du “récit vrai­ment raciste et anti-​Noir” qui gagne du ter­rain sur les réseaux sociaux dans le sillage de la visi­bi­li­sa­tion de ces attaques. 

@mikaylatoninato

@halley i quite lite­ral­ly feel your pain this was so insane 

♬ ori­gi­nal sound – mikay­la

Selon le New York Times, le débat en ligne autour de ces agres­sions s'est aus­si rapi­de­ment tour­né vers la san­té men­tale des assaillants et sur la ques­tion de savoir si les hommes qui se baladent en frap­pant des femmes au visage étaient sim­ple­ment dés­équi­li­brés. Une ana­lyse qui tend à stig­ma­ti­ser les per­sonnes souf­frant de mala­dies men­tales – toutes ne font pas preuve de vio­lence pour autant – et occulte la dimen­sion dis­tinc­te­ment miso­gyne de ces attaques. 

Les vic­times sont toutes des jeunes femmes qui, pour la plu­part, disent res­sen­tir de l’insécurité dans la rue à la suite de cet évé­ne­ment. Sarah Harvard – qui est humo­riste – explique par exemple à The Cut avoir inves­ti dans un spray au poivre et annu­lé cer­taines de ses repré­sen­ta­tions. Quand bien même, à ce stade, selon des infor­ma­tions du New York Times, aucun des signa­le­ments faits auprès des auto­ri­tés n’a été qua­li­fié, par la police, de crime de haine moti­vé par l’identité de genre. Là où l’on s’attendrait à une prise en charge de ces agres­sions en tant que phé­no­mène miso­gyne et sys­té­mique, la police new-​yorkaise s’est pour le moment conten­tée – pour pré­ve­nir ces vio­lences – de relayer sur son compte X un évé­ne­ment gra­tuit où les participant·es pour­ront apprendre à se défendre contre le vol d’un pot d’échappement. L’industrie du spray au poivre a de beaux jours devant elle. 

Lire aus­si I À l’origine d’une vague de cybe­rhar­cè­le­ment, le tik­to­keur Abrège frère se défend d’être misogyne

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