Une preuve de son courage ? Ces deux dernières années, cinq mères de famille qui cherchaient désespérément leurs enfants ont été assassinées.
Elle a beau avoir 73 ans, María Herrera Magdaleno ne manque pas d’énergie. Depuis la disparition de quatre de ses fils en 2008, cette ancienne commerçante itinérante parcourt le Mexique sans relâche pour tenter de retrouver leur trace. Surnommée Doña Mary, elle est devenue la figure emblématique des mères mexicaines à la recherche de leurs enfants disparu·es. Autour d’elle se sont fédérées des centaines de femmes mexicaines terrassées par le même chagrin et la même angoisse. Au total, ce sont plus de 100 000 personnes qui se sont évaporées dans la nature ou ont été enlevées ou tuées par des gangs qui les ont ensuite enterrées dans des tombes anonymes. Dans un pays rongé par le trafic de drogue et où le taux de criminalité est très élevé, ces disparitions mystérieuses ne sont ni résolues ni même investiguées.
Face à l’inaction du gouvernement, María Herrera Magdaleno a remué ciel et terre. Elle a réussi à faire inscrire aux programmes des universités des modules d’enseignement sur la manière de rechercher des personnes disparues. Elle a aussi organisé des conférences avec des légistes pour apprendre aux femmes à traquer les preuves de tombes sauvages dans lesquelles pourraient reposer leurs disparu·es, ou à identifier des restes humains. En mai dernier, elle a rencontré le pape François au Vatican.
Début novembre, elle s’est rendue à Washington, aux États-Unis, pour témoigner devant la Commission interaméricaine des droits de l’homme et poursuivre le gouvernement mexicain pour son inaction face au drame des disparu·es. Son exposition médiatique lui vaut des menaces de mort. Ces deux dernières années, cinq mères de famille qui cherchaient désespérément leurs enfants ont été assassinées.
