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Bilan huma­ni­taire assour­dis­sant : plus de 30 000 mort·es à Gaza, bom­bar­dée par Israël depuis près de 150 jours

En presque cinq mois, les bombardements israéliens ont fait plus de 30 000 mort·es à Gaza, a annoncé le Hamas, jeudi 29 février, alors que les négociations pour une nouvelle trêve sont toujours en cours.

Les presque cinq mois de bombardements quasiment ininterrompus à Gaza ont fait plus de 30 000 mort·es, selon le dernier bilan, annoncé jeudi 29 février par le Hamas. Son ministère de la Santé a effectivement déclaré que les bombardements israéliens avaient fait 79 mort·es dans la nuit de mercredi à jeudi, portant désormais le nombre de tué·es dans les opérations militaires israéliennes à Gaza à “plus de 30 000”.

Un bilan humain toujours plus lourd, au moment où les pays médiateurs espèrent arracher une trêve avant le ramadan dans le territoire palestinien assiégé, bombardé sans répit par l’armée israélienne et menacé de famine depuis le 7 octobre dernier et l’attaque terroriste du Hamas en Israël. Cette dernière a causé la mort d’au moins 1 160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.

"Zone de mort"

La guerre, qui a transformé Gaza en “zone de mort”, selon l’ONU, est déjà, et de très loin, le plus meurtrier des cinq conflits ayant opposé Israël au mouvement islamiste, qui a pris le pouvoir dans ce territoire en 2007. “Le bilan des morts à Gaza a dépassé les 30 000, en grande majorité des femmes et des enfants. Plus de 70 000 Palestiniens ont été blessés. Cette violence effroyable et ces souffrances doivent cesser. Cessez-le-feu”, a lancé le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, sur le réseau social X.

Les principaux pays médiateurs, les États-Unis, l'Égypte et le Qatar, espèrent néanmoins obtenir une nouvelle trêve de six semaines permettant la libération d'otages détenu·es à Gaza avant le début du ramadan, le mois de jeûne musulman qui commencera le soir du 10 ou 11 mars prochain. En tout, 130 otages y sont encore retenus, dont 31 seraient mort·es, après la libération de 105 otages et de 240 prisonnier·ières palestinien·nes détenu·es par Israël lors d'une première trêve en novembre.

Selon une source du Hamas, l’accord discuté en ce moment stipulerait que pendant cette période de trêve, un·e otage, parmi des femmes, des mineur·es et des personnes âgées malades, serait échangé·e chaque jour contre dix Palestinien·nes détenu·es par Israël. Lundi, le président américain Joe Biden a évoqué “un accord des Israéliens selon lequel ils ne s’engageraient pas dans des opérations durant le ramadan”, afin de “faire sortir tous les otages”.

"Pas de pain"

À travers la bande de Gaza, la population est toujours prise au quotidien dans les combats et les bombardements, qui n’ont épargné aucune zone, dévasté des quartiers entiers et forcé des milliers de familles à fuir vers le sud. L’ONU estime que 2,2 millions de personnes – soit l’immense majorité de la population – sont menacées de famine, en particulier dans le nord où les destructions, les combats et les pillages rendent presque impossible l’acheminement de l’aide humanitaire.

Lire aussi I “À Gaza, la situation catastrophique exacerbe le risque de mortalité maternelle et néonatale”, alerte Hiba Tibi de l’ONG Care

"Nous n'avons pas mangé de pain depuis deux mois. Nos enfants sont affamés", a raconté Muhammad Yassin, un homme de 35 ans habitant à Zeitun, dans le nord. En sortant acheter de la farine, il dit avoir trouvé "des milliers de gens qui attendaient depuis de longues heures pour avoir un ou deux kilos de farine"."C'est un crime et un désastre. Un monde tellement injuste", a-t-il ajouté.

Selon l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestinien·nes (Unrwa), les besoins humanitaires sont “illimités”. “La famine se profile. Les hôpitaux se sont transformés en champs de bataille. Un million d’enfants font face à un traumatisme quotidien”, a affirmé l’Unrwa. Selon le ministère de la Santé du Hamas, sept enfants sont mort·es “de déshydratation et de malnutrition” à l’hôpital Al-Chifa de Gaza-ville et sept autres à l’hôpital Kamal Adwan, également dans le nord.

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En représailles à l’attaque du 7 octobre, Israël a juré d’anéantir le Hamas, qu’il considère, de même que les États-Unis et l’Union européenne, comme une organisation terroriste. Son armée pilonne sans répit la bande de Gaza et a lancé, le 27 octobre, une offensive terrestre dans le nord du territoire, qui s’est progressivement étendue jusque dans le sud. Dans le nord, les combats continuent à faire rage à Zeitun, un quartier de la ville de Gaza, où l’armée a annoncé avoir mercredi “tué des terroristes, détruit des tunnels et découvert de nombreuses armes”. Plusieurs combattants du Hamas ont aussi été tués dans le centre du territoire, selon l’armée israélienne, ainsi qu’à Khan Younès, dans le sud, une ville transformée en champ de ruines où se déroulent des combats acharnés.

Poussé·es toujours plus vers le sud de la bande de Gaza à mesure que les combats s’étendent, des centaines de milliers de déplacé·es ont depuis gagné Rafah, une ville collée à la frontière fermée avec l’Égypte. Près d’un million et demi de Palestinien·nes, selon l’ONU, sont à présent massé·es, sans échappatoire, dans cette ville bombardée quotidiennement, où le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a promis de lancer une offensive afin de vaincre le Hamas dans son “dernier bastion”. Rafah est le principal point d’entrée de l’aide humanitaire à Gaza, soumise au feu vert d’Israël et qui arrive en quantité très limitée depuis l’Égypte.

En dépit des multiples mises en garde internationales, Netanyahu a affirmé qu’une trêve ne ferait que “retarder” une telle offensive, tout en assurant que les civil·es seraient évacué·es hors des zones de combat. L’Agence américaine pour le développement international (USAID) a affirmé discuter avec des responsables israélien·nes de l’ouverture de “beaucoup plus de points de passage” à la frontière égyptienne. “C’est une question de vie ou de mort”, a dit son administratrice, Samantha Power, sur X.

Lire aussi I Bisan Owda, la reportrice palestinienne qui raconte Gaza

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