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Rassemblement « Vive l'Europe 24 » avec la participation des partis d'extrême droite latino-américains avant les élections au Parlement européen alors que les politiciens d'extrême droite se réunissent à Madrid, Espagne, le 19 mai 2024. © Burak Akbulut / Anadolu via Afp

À Madrid, l’extrême droite euro­péenne lance l’offensive en vue des élections

À quatre jours du lan­ce­ment de la cam­pagne pour les euro­péennes, l’internationale de l’extrême droite s’est réunie dimanche à Madrid. Alors que les par­tis natio­na­listes ont le vent en poupe, ils ont appe­lé à faire du 9 juin « un jour de déli­vrance ».

C’est le par­ti Vox, troi­sième force poli­tique du pays, qui a lan­cé l’invitation. Dimanche 19 mai, la conven­tion Europa Viva 24 a réuni à Madrid une dizaine de par­tis natio­na­listes euro­péens, ain­si que le pré­sident ultra­li­bé­ral argen­tin, Javier Milei, et le ministre de la Diaspora israé­lien, char­gé de la lutte contre l’antisémitisme, Amichai Chikli. Un ras­sem­ble­ment qui se vou­lait une démons­tra­tion de force à l'approche du scru­tin euro­péen, pré­vu du 6 au 9 juin dans les 27 pays membres de l'Union euro­péenne (UE).

Dans un Palais de Vistalegre plein à cra­quer, les chefs de file de l’extrême droite euro­péenne ont ain­si appe­lé à faire des élec­tions de juin « un jour de déli­vrance » pour l'UE, en s'efforçant d'afficher un front uni. L’occasion, pour plu­sieurs figures d'extrême droite, dont la Première ministre ita­lienne, Giorgia Meloni (pré­sente en visio­con­fé­rence), et l'ex-présidente du Rassemblement natio­nal (RN) fran­çais Marine Le Pen, d'appeler au ras­sem­ble­ment de l'ensemble des for­ma­tions sou­ve­rai­nistes afin de « réorien­ter » l'UE.

« Nous sommes, tous ensemble, dans la der­nière ligne droite pour faire du 9 juin pro­chain un jour de déli­vrance et d'espérance », a mar­te­lé l'ancienne can­di­date à la pré­si­den­tielle fran­çaise, assu­rant que « la vraie Europe, celle de la liber­té et des peuples », avait « besoin » des forces natio­na­listes « ras­sem­blées ». « Nous défen­dons tous notre sou­ve­rai­ne­té natio­nale, mais nous savons aus­si que nous ne pou­vons pas le faire seuls. Face au mon­dia­lisme et à son âme socia­liste, nous devons répondre par une alliance mon­diale », a abon­dé le lea­der de Vox, Santiago Abascal, devant une salle rem­plie de dra­peaux espagnols.

“Occuper Bruxelles” et “des­cendre dans la rue”

Dans des mes­sages vidéo, le Premier ministre hon­grois, Viktor Orban, a, quant à lui, exhor­té « les patriotes » à « occu­per Bruxelles », tan­dis que Giorgia Meloni a appe­lé à la « mobi­li­sa­tion » et à « des­cendre dans la rue » pour obte­nir un « chan­ge­ment en Europe ».

Cette conven­tion s'est tenue alors que ces for­ma­tions – qui, selon les son­dages, ont par­tout le vent en poupe – se livrent une intense bataille en cou­lisses à pro­pos de la com­po­si­tion des futurs groupes au Parlement européen. 

Le RN est actuel­le­ment membre du groupe Identité et Démocratie (ID), aux côtés notam­ment de l'AfD alle­mande, absente dimanche à Madrid et avec qui le par­ti de Mme Le Pen est en conflit. Vox et le par­ti de Giorgia Meloni, Fratelli d'Italia, appar­tiennent, eux, au groupe des Conservateurs et Réformistes euro­péens (CRE).

Issue du PPE (droite), prin­ci­pal groupe du Parlement, la pré­si­dente de la Commission euro­péenne, Ursula von der Leyen, n'a pas écar­té récem­ment la pos­si­bi­li­té d'alliances avec CRE, tout en excluant toute coopé­ra­tion avec ID, dont les membres sont consi­dé­rés comme plus proches de la Russie dans le conflit en Ukraine.

« Si nous sou­hai­tons réorien­ter l'Union euro­péenne, il est évident qu'il faut tra­vailler les rela­tions que nous pou­vons avoir avec les uns et avec les autres », a affir­mé dimanche Marine Le Pen à la presse en marge de la conven­tion. « Ce qui est sûr, c'est qu'il y a beau­coup de gens au sein de CRE qui ne sont pas du tout prêts, à mon avis, à faire une alliance avec Mme von der Leyen, [parce qu'ils] consi­dèrent qu'elle est la grande res­pon­sable de la situa­tion de nos pays », a‑t-​elle encore déclaré.

“Submersion migra­toire”

Insistant sur les points de conver­gence entre les dif­fé­rents par­tis natio­na­listes, les res­pon­sables présent·es à Madrid ont mul­ti­plié les attaques contre les « élites » euro­péennes et sur­tout contre l'immigration – thème qui a occu­pé la majeure par­tie du dis­cours de Marine Le Pen. « Des zones entières de mon pays, la France, sont livrées à la sub­mer­sion migra­toire et échappent aujourd'hui à l'autorité de l'État », a‑t-​elle lancé.

Plusieurs cen­taines de per­sonnes ont mani­fes­té dans le centre de Madrid contre la tenue de cette réunion, qui a éga­le­ment été condam­née par le Premier ministre espa­gnol, le socia­liste Pedro Sánchez. « L'Internationale de l'extrême droite se réunit aujourd'hui en Espagne », car « l'Espagne repré­sente ce qu'ils détestent : le fémi­nisme, la jus­tice sociale, la digni­té du tra­vail, l'État-providence et la démo­cra­tie », a‑t-​il écrit sur X.

Le nom de Pedro Sánchez a été hué à plu­sieurs reprises lors de la conven­tion, au cours de laquelle le pré­sident argen­tin, Javier Milei, a vili­pen­dé le « socia­lisme », com­pa­ré à une forme de « can­cer », dans un dis­cours aux accents guer­riers. Il s’en est éga­le­ment pris à la femme du Premier ministre, Begoña Sánchez, l’accusant – sans la nom­mer – d’être « cor­rom­pue ». Ce qui a ouvert une crise diplo­ma­tique entre Madrid et Buenos Aires : alors que l’Espagne a annon­cé, dimanche, avoir rap­pe­lé son ambas­sa­drice en Argentine, l’ambassadeur argen­tin a été convo­qué ce lun­di par le ministre espa­gnol des Affaires étrangères.

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