Pediakar Mohammad RASOULOF 01
© Pediakar Mohammad / Wikimedia Commons

Le cinéaste ira­nien Mohammad Rasoulof, condam­né à cinq ans de pri­son, sera le grand absent du Festival de Cannes

Le célèbre cinéaste ira­nien Mohammad Rasoulof, dont le der­nier film sera mon­tré au Festival de Cannes, a été condam­né à une peine de cinq ans de pri­son par un tri­bu­nal ira­nien pour "col­lu­sion contre la sécu­ri­té natio­nale", a annon­cé mer­cre­di son avocat.

Le réa­li­sa­teur ira­nien Mohammad Rasoulof, plu­sieurs fois pri­mé dans des fes­ti­vals inter­na­tio­naux, a été condam­né à cinq ans de pri­son, à des coups de fouet, à une amende et à la confis­ca­tion de ses biens, a pré­ci­sé Maître Babak Paknia dans des mes­sages pos­tés sur X. Ce juge­ment n'a pas été annon­cé par les médias offi­ciels ira­niens. Son avo­cat a indi­qué que le tri­bu­nal avait pro­non­cé une peine de pri­son de huit ans, dont cinq ans appli­cables, et que ce juge­ment avait été confir­mé en appel à une date qui n'a pas été précisée.

Le 77e fes­ti­val de Cannes, qui débute le 14 mai dans le sud de la France, a sélec­tion­né le nou­veau film de Mohammad Rasoulof, The Seed of the Sacred Fig. Le 30 avril, Maître Paknia a affir­mé que les auto­ri­tés avaient convo­qué des membres de l'équipe du film pour les inter­ro­ger et qu'ils avaient subi des pres­sions pour reti­rer le film des com­pé­ti­tions inter­na­tio­nales. Mohammad Rasoulof, 52 ans, avait été arrê­té en juillet 2022 pour avoir encou­ra­gé des mani­fes­ta­tions déclen­chées après l'effondrement d'un immeuble ayant fait plus de qua­rante morts en mai dans le sud-​ouest de l'Iran.

"Cinéastes indé­pen­dants"

Après ce drame, un groupe de cinéastes iranien·nes qu'il menait avait publié une lettre ouverte appe­lant les forces de sécu­ri­té "à dépo­ser les armes" face à l'indignation natio­nale contre "la cor­rup­tion" et "l'incompétence" des res­pon­sables. Il avait ensuite été libé­ré à titre tem­po­raire pour rai­sons de san­té en jan­vier 2023 et inter­dit de quit­ter le ter­ri­toire. Cette libé­ra­tion tem­po­raire était inter­ve­nue alors que l'Iran était secoué par des mani­fes­ta­tions déclen­chées par la mort, le 16 sep­tembre 2022, de Mahsa Amini, une jeune femme de 22 ans, à la suite de son arres­ta­tion par la police des mœurs pour vio­la­tion pré­su­mée du code ves­ti­men­taire pour les femmes.

Lire aus­si l Toomaj Salehi, célèbre rap­peur ira­nien est condam­né à mort pour avoir sou­te­nu les mani­fes­ta­tions après la mort de Mahsa Amini

Mohammad Rasoulof a été lau­réat du prix Un cer­tain regard à Cannes en 2017 pour Un homme intègre, l'histoire d'un homme à la vie simple qui tente de se battre contre les manœuvres mal­hon­nêtes d'une com­pa­gnie pri­vée pous­sant des vil­la­geois à vendre leurs biens. Il a ensuite reçu l'Ours d'or au Festival de Berlin en 2020 pour Le diable n'existe pas, une réflexion sur le libre arbitre et le devoir de déso­béir. Interdit de sor­tie du ter­ri­toire ira­nien, il n'avait pas pu rece­voir son prix, ayant été condam­né l'année pré­cé­dente à un an de pri­son pour "pro­pa­gande contre le sys­tème" après son film Un homme intègre.

Mohammad Rasoulof a été invi­té à Cannes en 2023 comme membre d'un jury, mais n'avait pas pu faire le dépla­ce­ment, tou­jours frap­pé par une inter­dic­tion de voya­ger. En juillet 2022, les auto­ri­tés avaient arrê­té le cinéaste dis­si­dent de renom­mée inter­na­tio­nale Jafar Panahi à son arri­vée à un tri­bu­nal de Téhéran pour suivre le dos­sier de Mohammad Rasoulof. Il a été libé­ré sous cau­tion en février 2023. "Nous sommes des cinéastes, des cinéastes indé­pen­dants", avaient écrit les deux cinéastes dans une lettre com­mune adres­sée au Festival de Venise en sep­tembre 2022.

Lire aus­si l Iran : nou­veau pro­cès pour la lau­réate du prix Nobel de la paix Narges Mohammadi

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