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Cannes 2024 : on a vu "Diamant brut", le pre­mier film tant atten­du d'Agathe Riedinger

Diamant brut, pre­mier film d’Agathe Riedinger, et pre­mier film en com­pé­ti­tion à Cannes, s’est choi­si pour héroïne une bim­bo du Sud, qui place son salut dans les réseaux sociaux et la télé-​réalité. Un por­trait hon­nête, immer­sif, tou­chant, qui évite judi­cieu­se­ment toute forme de jugement… 

Un pre­mier film fran­çais, signé d’une quasi-​inconnue, qui ouvre le Festival de Cannes et déboule direct en com­pé­ti­tion, dans la cour des grand·es (enfin sur­tout des grands) au côté des Cronenberg, Audiard, Sorrentino et consorts ? Autant dire que les festivalier·ères, flai­rant peut-​être la chair un peu trop tendre, se sont jeté·es sur Diamant brut comme un seul homme ! Bien leur en a pris : le long-​métrage d’Agathe Riedinger tient ses pro­messes, celle d’un jeune ciné­ma fémi­nin qui donne à voir autre­ment un espace, un corps, un par­cours – et une jeu­nesse aus­si –, n’en déplaise aux esprits cha­grins. Certes, le maté­riau n’est pas for­cé­ment étin­ce­lant de bout en bout, mais ses petits tra­vers et autres cal­lo­si­tés n’ont d’égale que son hon­nê­te­té, sa per­ti­nence… et son sens de la mise en scène.

Filmant jus­te­ment à hau­teur de son héroïne, Agathe Riedinger dresse ici le por­trait de Liane, 19 ans, une gamine témé­raire, grande gueule et incan­des­cente (Malou Khebizi, nou­velle venue, est assez impres­sion­nante de can­deur, de mal­adresse et d’engagement dans ce rôle). Peu ou prou livrée à elle-​même (père absent, mère peu affec­tueuse), elle sur­vit comme elle peut dans les quar­tiers popu­laires de Fréjus, dans le Var. Obsédée par la beau­té et le besoin de deve­nir quelqu’un, elle façonne sur­tout sans comp­ter, jusqu’à la dou­leur, sa sil­houette de bim­bo scin­tillante et botoxée, voyant en la télé-​réalité la pos­si­bi­li­té de s’extraire et d’être aimée. “J’chuis pas comme tout le monde !” ne cesse-​t-​elle de reven­di­quer, face à ses copines, sa conseillère à Pôle Emploi, sa mère ou son amou­reux tran­si. Jamais décou­ra­gée. Jusqu’au jour où, pas­sant un cas­ting pour l’émission Miracle Island, le des­tin semble enfin lui sourire…

Portrait d’une com­bat­tante en forme de cagole ? C’est à peu près ça, et c’est pré­ci­sé­ment la rai­son pour laquelle Diamant brut séduit et convainc. Car une jeune fille de cette trempe, de ce milieu, de cette plas­tique aus­si, a rare­ment été regar­dée de cette façon dans le ciné­ma fran­çais, sans juge­ment, juste à fleur de peau et d’image (en clair, loin des fan­tasmes plus ou moins assu­més de cer­tains et loin du mépris de tous). De fait, ce n’est pas tant le sus­pens de l’intrigue qui cap­tive (va-​t-​elle être choi­sie ? va-​t-​elle gagner des follower·euses, des likes et de nou­veaux amis ?) que le sen­ti­ment de proxi­mi­té, voire d’empathie, qu’Agathe Riedinger par­vient tran­quille­ment à mettre en place avec cette Liane rebelle, explo­sive, par­fois incon­trô­lable mais fina­le­ment si tou­chante. La déma­quillant gen­ti­ment, peu à peu, de tous ses arti­fices en quelque sorte. 

Bien sûr, on n’ira sans doute jamais sur cette “Ile du miracle” avec elle, mais on com­prend mieux désor­mais pour­quoi Liane, ses sœurs et ses sem­blables, ont tel­le­ment envie, besoin, d’y aller.

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Diamant brut, d’Agathe Riedinger. En com­pé­ti­tion au Festival de Cannes. Sortie en salles le 9 octobre.

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