Globalement moins payées, plus éloignées de l’emploi une fois mères, sous-représentées dans les instances dirigeantes des grandes entreprises… L’emploi des femmes reste marqué par les inégalités professionnelles, montrent trois récents rapports.
En 2022, dans le secteur privé, le revenu salarial net des femmes s’élève, en moyenne, à 19 980 euros annuels, contre 26 110 euros pour les hommes. “Cet écart s’explique pour partie par des différences de volume de travail moyen : d’une part, les femmes sont moins souvent en emploi que les hommes au cours de l’année, d’autre part, elles occupent plus fréquemment un emploi à temps partiel, situations pouvant aussi bien relever d’un choix qu’être subies”, explique l’Insee. Qui observe que le volume de travail (rémunéré) annuel des femmes est inférieur de 10,1 % à celui des hommes en 2022.
Cette différence salariale, qui s’est réduite de 7,2% depuis 1995, s’explique surtout par la répartition genrée des professions salariales. “Les femmes n’occupent pas le même type d’emploi, ne travaillent pas dans les mêmes secteurs que les hommes et accèdent moins aux postes les plus rémunérateurs”, analyse l’Insee, qui parle de “ségrégation professionnelle”. Typiquement, on compte seulement 2,8 % de femmes parmi les conducteurs routiers et 0,5% parmi les maçons qualifiés, mais elles représentent 95,1% des secrétaires, 94,4% des aides à domicile et travailleuses familiales, et 90,1% des aides-soignantes. Une ségrégation qui reflète aussi des inégalités hiérarchiques. “Femmes et hommes confondus, la profession de cadres la plus répandue est celle d’ingénieurs en informatique, qui ne compte qu’un quart de femmes”, souligne l’Insee.
D’après l’Insee, cet écart “ne peut s’interpréter comme une mesure de la discrimination salariale dans les entreprises”, puisque l’expérience, l’ancienneté ou le diplôme ne sont pas pris en compte ici. En revanche, il constate que les femmes restent sous-représentées parmi les plus hauts salaires, puisqu’elles ne représentent qu’un tiers des effectifs au-dessus du 9e décile (4 160 euros). Au-delà de 9 970 euros (soit les 1 % de salarié·es les mieux payé·es), elles ne sont plus que 22,2 %.
Six fois plus de mères que de pères ayant déjà travaillé sont sans emploi ou à temps partiel en raison de leur(s) enfant(s). C’est particulièrement vrai pour les employées et les ouvrières, qui ne sont que 37 % à travailler à temps plein avec un conjoint dans la même situation (contre 68 % des femmes cadres ou de professions intellectuelles supérieures). Mode de garde trop cher ou inadapté, horaires incompatibles… Parmi elles, “11 % sont sans emploi en partie pour des raisons contraintes liées aux enfants, contre 3 % des mères cadres ou de profession intellectuelle supérieure”, constate la Drees dans son étude parue le 5 mars.
En 2029, avec la “loi Rixain”, toutes les grandes entreprises françaises devront compter 40 % de femmes dans leurs instances dirigeantes sous peine de pénalités financières. Pour l’heure, elles ne sont que 27 %, en moyenne, à siéger au sein des comités directeurs des 125 mastodontes du SBF (La Société des bourses françaises, qui réunit les plus grandes entreprises hexagonales). C’est mieux dans les conseil d’administration, où elles sont désormais 46 %, comme le révèle le dernier baromètre de l’Institut français des administrateurs. Côté présidence, en revanche, le compte n’y est pas, puisqu’elles sont 10 % à être à la tête d’une entreprise du SBF et seulement 5 % au sein du CAC 40.
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