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Qui sont-​elles ? Que nous veulent-​elles ? Les “tube girls” prennent d’assaut le métro

Les tube girls – lit­té­ra­le­ment “filles du métro” – enva­hissent les réseaux sociaux avec leurs vidéos réa­li­sées dans les trans­ports en com­mun. Simple exer­cice de confiance en soi ou vic­toire par KO du digi­tal sur le monde réel ? Décryptage d’une ten­dance qui ne risque pas d’améliorer les retards de la RATP.

Celle qui a lan­cé la ten­dance s’appelle Sabrina Bahsoon, a 22 ans et sévit depuis l’Angleterre. La diplô­mée en droit est à l’origine du tout pre­mier TikTok estam­pillé #tube­girl, une vidéo où la jeune femme se filme en train de dan­ser dans le métro lon­do­nien et qui comp­ta­bi­lise aujourd’hui plus de 18 mil­lions de vues. À l’époque, “je crou­pis­sais dans mon lit, sans emploi, après avoir obte­nu mon diplôme de droit, et je cher­chais des jobs dans le domaine du mar­ke­ting”, raconte au maga­zine amé­ri­cain I‑D Sabrina Bahsoon. Aujourd’hui, grâce à ce TikTok viral, la Londonienne fait la man­ne­quin au défi­lé Hugo Boss à Milan, est invi­tée au pre­mier rang du défi­lé Balmain à la Fashion Week de Paris et col­la­bore notam­ment avec Valentino Beauty. De quoi ins­pi­rer des imi­ta­trices du monde entier avides de deve­nir la tube girl de Varsovie, de New York ou de Berlin. Une cer­taine vision du bonheur… 

@sabrinabahsoon

Delulu or mani­fes­ting ✨ #tube­girl shou­tout to @In Print We Trust for the v cute tee 🥹

♬ ori­gi­nal sound – habz.fx

À Paris aus­si, de nom­breuses uti­li­sa­trices s’emparent de la ten­dance et se reven­diquent de la com­mu­nau­té des Paris tube girls. Pourquoi nous y inté­res­ser ? Parce que la plu­part des TikTok mettent en avant le cou­rage et la confiance en soi que requiert une telle per­for­mance. Une forme de réap­pro­pria­tion de l'espace public par les femmes dans un lieu, les trans­ports, où elles sont, en géné­ral, agres­sées et/​ou har­ce­lées. Si cer­tains com­men­taires plé­bis­citent en effet cette façon de ne pas se sou­cier du regard des autres, d’autres s’interrogent sur la néces­si­té d’une telle mise en scène dans les trans­ports publics. Une uti­li­sa­trice de l’appli est allée jusqu’à se fil­mer dans un avion Ryanair.

Mais à quoi ça rime tout ça ? Selon Sabrina Bahsoon, il s’agit de trans­for­mer le métro-​boulot-​dodo en évé­ne­ment boos­ter de confiance en soi. “Les tra­jets domicile-​travail sont tel­le­ment banals, mais le fait d’être une “tubeuse” ajoute un peu de piment et de saveur à la rou­tine quo­ti­dienne, explique la tube girl à I‑D. Cela per­met aus­si de se frot­ter à la peur que les gens vous jugent.”

Dans un essai vidéo éga­le­ment pos­té sur TikTok, Eden Mckenzie-​Goddard, auteur et créa­teur de conte­nu, va plus loin dans l’analyse et com­pare la ten­dance tube girl au roman Ready Player One, roman de science-​fiction écrit par Ernest Cline dans lequel “le monde vir­tuel a plus de valeur que le monde réel”. “Nous ne sem­blons plus nous sou­cier des espaces phy­siques”, explique-​t-​il. Autrefois, la pré­sence des autres dans l’espace public et “la gêne empê­chaient les gens de faire ce genre de choses, car c’était cou­rir le risque de pen­ser à ce moment d’embarras pour le reste de la jour­née”. D’après Eden Mckenzie-​Goddard, la manière dont les gens par­viennent à gagner de l’argent grâce à ces vidéos sur les réseaux sociaux a ren­ver­sé ce para­digme. “La valeur en ligne est plus impor­tante que l’embarras auquel on peut être confron­té dans le monde réel”, conclut l’utilisateur.

Les liens sociaux, le col­lec­tif de l’espace par­ta­gé s’effacent au pro­fit de ce que la jour­na­liste du maga­zine amé­ri­cain Vox, Niloufar Haidari, nomme le “public invi­sible”. L’opinion des vingt per­sonnes pré­sentes dans la rame de métro importe peu face à la poten­tielle audience de 500 000 spectateur·rices une fois la vidéo pos­tée. Sabrina Bahsoon, dont la vie a “com­plè­te­ment chan­gé” depuis qu’elle est deve­nue “LA tube girl”, comme elle le détaille à I‑D, en est l’exemple par­fait. Face à cette suc­cess sto­ry, des cen­taines d’utilisatrices ali­mentent donc le hash­tag #tube­girl – qui comp­ta­bi­lise plus de 280 mil­lions de vues – de leur propre vidéo dans les trans­ports en com­mun, balan­çant par la fenêtre la pudeur de rigueur. Drôle d’époque…

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