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La place Jean Jaurès à Saint-Denis avant les fouilles (©Google Maps)

Fouille de Saint-​Denis : révé­la­tions sur le har­cè­le­ment sexuel des femmes archéologues.

Depuis plu­sieurs semaines, les com­por­te­ments sexistes et les actes de har­cè­le­ment sexuel des pas­sants avec les femmes archéo­logues sont poin­tés du doigt sur le lieu des fouilles situé sur la place Jean Jaurès à Saint-​Denis. Si bien que la mai­rie a fait ins­tal­ler un pan­neau pour appe­ler les hommes à adop­ter « le bon com­por­te­ment ».

Depuis le début de l'année 2023, des archéo­logues mènent une fouille du sous-​sol de la place Jean Jaurès, à quelques dizaines de mètres de la Basilique-​Cathédrale de Saint-​Denis, dans le cadre du réamé­na­ge­ment du lieu. Mais depuis plu­sieurs semaines, ce ne sont pas les ves­tiges mis au jour qui font par­ler, mais les com­por­te­ments des pas­sants avec les femmes archéo­logues, vic­times de pro­pos à carac­tères sexuels. Si bien que la mai­rie a dû faire ins­tal­ler un pan­neau pour appe­ler les hommes à adop­ter « le bon com­por­te­ment », comme l'avait obser­vé mi-​juillet Actu Seine-​St-​Denis.

« Nous vous deman­dons de res­pec­ter le tra­vail des femmes archéo­logues qui tra­vaillent chaque jour sur ce chan­tier de fouille. Nous vous rap­pe­lons que tout manque de res­pect à leur égard fera l'objet d'une dénon­cia­tion et de pour­suites, comme le pré­voit la loi », y écrit la ville de Seine-​Saint-​Denis, après avoir été aler­té par des femmes archéologues. 

« Elles étaient l’objet de pro­pos à carac­tère sexuel, de façon répé­tée sur leur tenue ves­ti­men­taire, leur corps ou leur posi­tion, quand elles étaient à quatre pattes par exemple. C’est le signe que nous pre­nons le sujet à bras-​le-​corps. Cela peut avoir un impact sur les témoins d’un har­cè­le­ment. Ils vont se sen­tir légi­times à agir et les vic­times se sen­ti­ront moins seules », a expli­qué au Parisien Oriane Filhol, adjointe au maire char­gée des droits des femmes et de la lutte contre les discriminations.

« Le nombre d'histoire de sexisme ou de har­cè­le­ment est hallucinant »

Au-​delà des pro­pos sexistes tenus par des pas­sants, c'est au sein même de la pro­fes­sion qu'un pro­blème se situe. « L'archéologie n'est pas plus sexiste que le reste de la socié­té, mais elle n'y échappe pas », témoigne l'archéologue Ségolène Vandevelde, dans les colonnes du der­nier hors-​série de Causette, consa­cré aux Exploratrices. « À chaque ren­trée, au retour des chan­tiers béné­voles, le nombre d'histoire de sexisme ou de har­cè­le­ment est hal­lu­ci­nant », poursuit-​elle, avant de sou­li­gner que le har­cè­le­ment sexuel sur le ter­rain « est faci­li­té par la pro­mis­cui­té, les posi­tions impo­sées par le tra­vail de fouille, une cer­taine culture du chan­tier, mais aus­si à cause ds liens hié­rar­chiques brouillées, bien que pré­sents ».

À lire aus­si I Ségolène Vandevelde, voyage dans le temps

Cette situa­tion se retrouve dans les résul­tats d'une enquête menée à l’échelle euro­péenne par Paye ta Truelle, un col­lec­tif belge qui milite pour l’égalité et la diver­si­té dans l’archéologie, et AGE (archaeo­lo­gy and gen­der in Europe), un réseau d’archéologues inté­res­sés par les études de genre, par­ta­gée par le Parisien. Les actes de har­cè­le­ment, d'agressions, de bri­mades et d'intimidation sont « endé­miques dans l’archéologie et se constatent par­tout en Europe », selon l’étude : 88 % des femmes qui tra­vaillent sur des sites de fouilles disent avoir été vic­times « au moins une fois, de har­cè­le­ment ». Ces der­nières sont aus­si confron­tées, en majo­ri­té, à « un har­cè­le­ment sexiste ou sexuel », encore plus quand elles sont étu­diantes ou jeunes archéologues.

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