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Drag Race France (©Nathalie Guyon / Jean RANOBRAC -FTV)

« Drôle, bien­veillant et inclu­sif » : des hommes hété­ros racontent ce qu'ils ont pen­sé de "Drag Race France"

Deux semaines après la pre­mière de Drag Race France, l'émission de télé­réa­li­té de France Télévisions qui met en com­pé­ti­tion des drag-​queens, trois hommes hété­ro­sexuels livrent leurs impres­sions sur ce pro­gramme déton­nant, dont ils ne semblent pas être la cible au pre­mier abord.

« C'est l'émission de mon été ! » Pierre, un jour­na­liste hété­ro de 30 ans, ne mâche pas ses mots après avoir vu le pre­mier épi­sode de Drag Race France, petite bombe télé­vi­suelle lar­guée le 25 juin à la fois sur France 2 et sur France TV Slash, la pla­te­forme numé­rique de France Télévisions. Ce pro­gramme haut en cou­leur voit s'affronter dix drag-​queens, prêtes à tout pour rem­por­ter la cou­ronne, lors de nom­breux défis de comé­die, de danse, de chant ou de mode. Si sur le papier l'objet avait tout pour ne plaire qu'à un public d'initié·es, des hommes hété­ro­sexuels, comme Pierre, se sont lais­sés ten­ter. Car Drag Race France est l'adaptation de l'émission de télé­réa­li­té amé­ri­caine RuPaul's Drag Race, ultra-​connue, même par celles et ceux qui ne la regardent pas.

Véritable phé­no­mène média­tique outre-​Atlantique, elle compte 14 sai­sons – une quin­zième est en pré­pa­ra­tion -, plu­sieurs spins-​offs et une dizaine d'adaptations à l'international. Signe de sa popu­la­ri­té, le show créé et pré­sen­té par la figure de la pop culture Ru Paul a rem­por­té pas moins de 24 Emmy Awards (des prix qui récom­pensent le meilleur de la télé­vi­sion amé­ri­caine), depuis sa pre­mière dif­fu­sion en 2009. Elle a lar­ge­ment contri­bué à rendre visible la com­mu­nau­té LGBT et à popu­la­ri­ser la culture drag à tra­vers le monde, entrant dans le lan­gage cou­rant avec des expres­sions comme « Shantay you stay » (« Tu restes ») ou « Sashay away » (« Tu pars »), ponc­tuant chaque can­di­date sau­vée ou éli­mi­née à la fin du programme.

Des can­di­dates « tou­chantes et amusantes »

Les trois hommes hété­ros inter­ro­gés par Causette connais­saient ain­si l'émission ori­gi­nale de nom, sans jamais l'avoir regar­dée ou en ayant seule­ment aper­çu des extraits dis­til­lés ça et là sur les réseaux sociaux. Aucun n'a, non plus, spé­cia­le­ment d'affinités avec le monde du drag. « J'ai ren­con­tré une fois une drag-​queen à un mariage. Il s'agissait du frère du marié. Il était bluf­fant. Mais c'est tout ! », rigole Didier, 42 ans, secré­taire admi­nis­tra­tif dans l'Éducation natio­nale. C'est donc par curio­si­té, avec le suc­cès du pro­gramme amé­ri­cain en tête, qu'ils ont choi­si de se plon­ger dans la ver­sion fran­çaise, pré­sen­tée par la drag-​queen Nicky Doll, accom­pa­gnée du chan­teur Kiddy Smile et de l'animatrice Daphné Bürki. 

« Je me suis lais­sé prendre par le for­mat, la mise en scène, les épreuves et les can­di­dates à la fois atta­chantes, tou­chantes et amu­santes. Elles sont tout sim­ple­ment natu­relles », s'enthousiasme Pierre, éga­le­ment sur­pris par la « beau­té » de l'émission, très bien pro­duite d'un point de vue télé­vi­suel. « On voit que des Américains se cachent der­rière… Du pla­teau aux cos­tumes en pas­sant par le mon­tage, on sent qu'il y a des moyens », glisse le jour­na­liste, pas­sion­né par les médias et la télé­vi­sion. Aymeric, un étu­diant de 25 ans, a aus­si appré­cié le pro­gramme « drôle, bien­veillant et inclu­sif », qui peut plaire selon lui « à beau­coup de cibles ». « Je ne pen­sais pas que le milieu du drag était aus­si divers et varié. Je ne connais­sais par exemple pas l'existence des drag-​kings (l'inverse des drag-​queens, ndlr) que l'on voit dans le deuxième épi­sode », pour­suit ce dernier.

Didier a, de son côté, été un peu déçu par le for­mat de l'émission, notam­ment « l'alternance des séquences de la com­pé­ti­tion et des com­men­taires réa­li­sés par les can­di­dates face camé­ra, comme dans un confes­sion­nal ». Et n'a pas été sen­sible au côté fan­tasque et exu­bé­rant des per­for­mances drag, à l'exception du lip-​sync, une épreuve où deux com­pé­ti­trices font sem­blant de chan­ter sur du play­back. Le qua­dra­gé­naire recon­naît tout de même la qua­li­té du tra­vail der­rière les cos­tumes et le maquillage de chaque queen. 

Des par­cours émouvants

Pierre, Aymeric et Didier vantent tous les trois le côté à la fois diver­tis­sant et édu­ca­tif de l'émission et sont una­nimes sur son impor­tance dans le pay­sage télé­vi­suel fran­çais. Ils ont été par­ti­cu­liè­re­ment tou­chés par les pas­sages émo­tions de Drag Race France, quand les can­di­dates se pré­parent pour une per­for­mance et dis­cutent entre elles de leur par­cours. L'occasion de par­ta­ger les mul­tiples récits qui font la com­mu­nau­té LGBT. « Contrairement à d'autres émis­sions de télé­réa­li­té, ce sont les can­di­dates elles-​mêmes qui racontent leur his­toire, et non une voix-​off. J'ai trou­vé la séquence natu­relle et réa­li­sée avec pudeur et res­pect », explique Pierre. « Certaines drag-​queens ont un par­cours violent. Je trouve impor­tant d'en par­ler car les per­sonnes LGBT sont encore per­sé­cu­tées en France et dans le monde. Cette émis­sion peut les aider à s'assumer et à mieux savoir qui elles sont. Elle a un véri­table inté­rêt », sou­ligne Aymeric.

Lors de la dif­fu­sion du pre­mier épi­sode, Drag Race France a réa­li­sé une belle per­for­mance en réunis­sant, à 23h25, sur France 2, 914.000 spectateur·trices. Le deuxième, déca­lé à minuit, a réuni for­cé­ment moins de monde avec 230.000 curieux·ses. Parmi eux, Aymeric et Pierre, prêts à sup­por­ter jusqu'au bout leurs drag-​queens pré­fé­rées, La Big Bertha, Paloma et La Grande Dame. Le jour­na­liste de 30 ans a même réus­si à conver­tir une autre per­sonne à son « émis­sion de l'été » : sa mère. Nouvelle preuve du public plus que diver­si­fié de ce pro­gramme détonnant.

Drag Race France, tous les jeu­dis à 20h sur France TV Slash et les same­dis à 00h sur France 2.

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