Éloge de la ren­contre, d'autrui et donc de soi, par Charles Pépin

Ce jeudi 14 janvier 2021 sort le nouvel essai philosophique de Charles Pépin, La Rencontre. Si ce thème peut paraître légèrement incongru en cette période de restrictions sociales, le philosophe nous propose bien au contraire, de le repenser, à la lumière de la connaissance de soi, de l'autre et du monde qui nous entoure. Se préparer pour l'après, se rendre disponible à l'inattendu serait la meilleure façon d'aller vers autrui.

couverture la rencontre charles pepin allary editions
© Editions Allary

Toujours dans une volonté de rendre la philosophie accessible à tous, Charles Pépin pose ici un regard nouveau sur un concept que nous ne croyons que trop connaître dans une société de l'hyper socialisation. A la lecture de ce livre, chacun peut s'approprier dans une floraison de références culturelles, artistiques et philosophiques un définition nouvelle de la rencontre : le philosophe évoque Meryl Streep comme Iggy Pop, Belle du Seigneur comme Voltaire et Émilie du Châtelet, rendant ainsi son propos universel. C'est d'ailleurs une chanson qui sera un des moteurs de son écriture : Les mots bleus de Christophe.

Il y a tout juste un an, Charles Pépin répondait lors d'une conférence au théâtre de la Porte Saint Martin à la question «  Qu'est-ce qu'une vraie rencontre ? ».
Pour l'accompagner, des amis, notamment des musiciens qui joueront cette chanson de Christophe, Les mots bleus. « C'est l'histoire d'un homme qui n'ose pas aborder une femme et qui imagine ce que serait leur rencontre et les mots qu'il lui dirait. Alors pourquoi parler de retrouvailles ? J'ai voulu explorer cette idée. » La réponse est peut-être dans cette citation d'Eluard : « il n'y a pas de hasard, que des rendez-vous. » Nous aurions cette capacité à déjà connaître un·e inconnu·e car il ou elle nous renvoie à des choses qui nous sont familières, où le sentiment d'évidence devient un sentiment de reconnaissance.

Le philosophe développe ainsi l'idée que les rencontres, qu'elles soient amoureuses, amicales ou professionnelles ne sont pas des ajouts enrichissants à l'individu, mais bien une constituante essentielle à sa vie. « Nous sommes faits de rencontres, avant nous ne sommes rien. Il est intéressant de montrer que la rencontre est au cœur de l'aventure humaine. C'est tout le fil rouge de ce livre. »

« Promenons-nous dans l'existence et arrêtons de dérouler un plan prévu »

charles pepin portrait nb
Charles Pépin
© Bojana Tartaska / Allary Editions

Charles Pépin déplore aussi cette société de l'anticipation et de la gestion permanente, où le lâcher-prise et l'imprévisible trouvent de moins en moins leur place. «  J'aime l'image du GPS, nous explique t-il. Nous sommes tous les yeux rivés sur cet objet qui passe son temps à s'actualiser et à nous annoncer notre heure d'arrivée. On ne regarde pas autour de nous et on ne se laisse pas la possibilité d'être surpris. »

En période de pandémie mondiale, entrave à la rencontre, il faut se réinventer nous conseille t-il, convaincu que cet épisode est propice à se préparer, à se rendre disponible à l'autre, ce que nous ne faisions pas ou très peu avant. « Soyons honnêtes, bien souvent on n'usait pas vraiment de notre liberté, car nous étions enfermés dans nos habitudes, les mêmes groupes sociaux, à passer beaucoup de temps sur Instagram ou Facebook, là où les algorithmes nous renvoient systématiquement vers les mêmes personnes et les mêmes opinions. » Il faudrait alors s'interroger sur nos véritables attentes, qui ne sont pas celles que l'on croit. Le sourire dans la voix, Charles Pépin explique aussi qu'il a écrit ce livre grâce à une femme qui a bousculé son monde et redéfinit sa perception de la rencontre, la vraie. Celle qui chamboule, qui trouble les certitudes. Si cette femme partage sa vie aujourd'hui, l'écrivain reconnaît qu'il ne s'y attendait pas, car il ne pensait vivre une histoire avec une femme éloignée de ce qu'il pensait être « ses critères ». S'en est suivi l'apprentissage de la disponibilité pour quelque chose qu'il n'avait pas prévu. Tomber les œillères, c'est son invitation aujourd'hui : s'autoriser à être vulnérable et audacieux à la fois, fendre la carapace pour laisser passer la lumière, et ainsi, au-delà de la rencontre de l'autre, se rencontrer soi et le monde que l'on regarde avec de nouveaux yeux.
« Promenons-nous dans l'existence et arrêtons de dérouler un plan prévu. Essayons de découvrir ou redécouvrir des facettes de nous en sommeil, révélées au contact d'autrui. » Bonne balade à tous·tes.

Lire aussi l La philosophie pratique de Charles Pépin : « Nous nous découvrons des ressources de joie de vivre qu’on ne soupçonnait pas »

La Rencontre, éditions Allary, disponible en librairie le jeudi 14 janvier 2021

Partager
Articles liés

Inverted wid­get

Turn on the "Inverted back­ground" option for any wid­get, to get an alter­na­tive sty­ling like this.

Accent wid­get

Turn on the "Accent back­ground" option for any wid­get, to get an alter­na­tive sty­ling like this.