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© Jean-Luc Hauser / Wikimedia Commons

Le dépu­té et ex-​ministre Damien Abad mis en exa­men pour ten­ta­tive de viol

L’ex-ministre Damien Abad, accu­sé de vio­lences sexuelles par trois femmes, a été mis en exa­men jeu­di à Paris pour ten­ta­tive de viol en 2010 sur l’une d’entre elles. 

Damien Abad, dépu­té Renaissance et ex-​ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes han­di­ca­pées, a été mis en exa­men, jeu­di à Paris, pour ten­ta­tive de viol, en 2010, sur une femme, par­mi les trois qui l’accusent de vio­lences sexuelles. Surnommée Laëtitia, la plai­gnante affirme qu’il a cher­ché à lui impo­ser une fel­la­tion en 2010, alors qu’il orga­ni­sait une soi­rée chez lui. Elle avait por­té plainte, sus­ci­tant l’ouverture d’une enquête pré­li­mi­naire, confiée en juin 2023 à deux juges d’instruction pour viol et ten­ta­tive de viol. Le dépu­té (appa­ren­té Renaissance) de l’Ain dément vigoureusement.

Dans un com­mu­ni­qué, il a notam­ment fait valoir qu’“une exper­tise médi­cale réa­li­sée par un spé­cia­liste” de l’arthrogrypose, mala­die rare dont il est atteint, “démontre clai­re­ment que son han­di­cap le place dans l’impossibilité phy­sique de com­mettre les faits injus­te­ment repro­chés”. “Les accu­sa­tions for­mu­lées sont maté­riel­le­ment et scien­ti­fi­que­ment impos­sibles”, ont abon­dé ses avocat·es, Mes Jacqueline Laffont et Robin Binsard. Au contraire, pour Me Mario Stasi, les accu­sa­tions de sa cliente Laëtitia sont “cohé­rentes et recou­pées par des témoi­gnages concor­dants”. “Cette mise en exa­men atten­due est logique”, a‑t-​il réagi.

Témoin assis­té

Jeudi, après avoir été inter­ro­gé plu­sieurs heures par deux magis­trats ins­truc­teurs, Damien Abad a aus­si été pla­cé sous le sta­tut plus favo­rable de témoin assis­té pour les deux autres plai­gnantes, selon la source proche du dos­sier. Ces der­nières l’accusent de viol en 2010 et en 2011. Selon Damien Abad, ce sta­tut de témoin assis­té “démontre le carac­tère infon­dé des accu­sa­tions”. Mais pour Me Arié Alimi, qui défend l’une des deux femmes, le com­bat conti­nue. “Nous avons bon espoir que la suite de l’instruction per­mette une pour­suite de tous les faits dénon­cés”, a‑t-​il expli­qué, voyant dans la mise en exa­men pro­non­cée jeu­di une “pre­mière étape”.

L'ancien chef des député·es LR avait été nom­mé en mai 2022 ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes han­di­ca­pées. Dès le len­de­main de sa nomi­na­tion, Mediapart publiait les témoi­gnages de deux femmes, Chloé (pré­nom d'emprunt) et Margaux, l'accusant res­pec­ti­ve­ment de viol en 2010 et en 2011. Avant de s'exprimer dans la presse, la pre­mière avait indi­qué avoir émis un signa­le­ment ano­nyme à l'Observatoire des vio­lences sexistes et sexuelles en poli­tique, la seconde avoir vu sa plainte clas­sée par le par­quet de Paris en 2017.

Leur prise de parole dans Mediapart avait inci­té une troi­sième femme, une élue cen­triste sur­nom­mée Laëtitia, à témoi­gner à son tour, puis à por­ter plainte. Lors d’une soi­rée, selon son récit dans Mediapart, l’élu lui a “offert un verre” au fond duquel elle a vu “quelque chose” : méfiante, elle est allée recra­cher sa gor­gée aux toi­lettes. Toujours selon Laëtitia, Damien Abad l’attendait der­rière la porte et l’aurait “pous­sée dans une pièce en face”, puis aurait ten­té de la contraindre à une fel­la­tion. “J’avais peur, j’étais sidé­rée. Je me suis débat­tue, je l’ai frap­pé dans le ventre”, a‑t-​elle racon­té, disant avoir fina­le­ment pu s’échapper grâce à l’irruption d’un convive.

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Dans la tour­mente, un mois après sa nomi­na­tion, Damien Abad avait quit­té l’exécutif début juillet 2022, à l’occasion du rema­nie­ment. Il avait ensuite été réélu dépu­té. Lors de l’enquête pré­li­mi­naire, Damien Abad avait vu son immu­ni­té par­le­men­taire levée et été pla­cé en garde à vue le 7 juin 2023, puis relâ­ché sans pour­suite à ce stade.

Lors de l'information judi­ciaire, ouverte en juin 2023, Chloé et Margaux s'étaient jointes à la pro­cé­dure. "Je ne veux pas être opti­miste", avait alors décla­ré Margaux, expli­quant s'être consti­tuée par­tie civile "juste pour venir en sou­tien des autres femmes". A ce jour mis en exa­men pour "une seule des trois plai­gnantes", Damien Abad a assu­ré n'avoir "aucun doute sur le fait que sa totale inno­cence sera confir­mée à l'issue de cette pro­cé­dure".

Le dépu­té se pré­sen­te­ra devant le bureau du groupe Renaissance à l’Assemblée natio­nale mar­di matin, a annon­cé le groupe. “La pré­somp­tion d’innocence s’applique à lui comme à chaque citoyen fran­çais”, a‑t-​on indi­qué de même source, sans autre commentaire.

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