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"Vampire facial" : aux États-​Unis, quatre femmes contractent le VIH après un soin du visage

L'agence fédé­rale de san­té publique amé­ri­caine a révé­lé jeu­di que quatre patientes d'un spa au Nouveau-​Mexique auraient contrac­té le VIH après un "vam­pire facial", un soin du visage à base de pla­quettes de plasma. 

Ce qu'on ne ferait pas pour la fon­taine de jou­vence. Aux États-​Unis, le CDC (Centres pour le contrôle et la pré­ven­tion des mala­dies) a révé­lé dans une enquête publiée jeu­di der­nier que quatre anciennes clientes d'un spa sans licence d'Albuquerque au Nouveau-​Mexique (sud-​ouest) auraient contrac­té le VIH après un "vam­pire facial". Ce soin du visage – une pro­cé­dure à micro-​aiguilles à base de plas­ma riche en pla­quettes (PRP) – doit son nom à son ren­du san­gui­nolent. Il consiste à pré­le­ver un échan­tillon du sang du ou de la patient·e et à en extraire le plas­ma pour le réin­jec­ter dans le visage en ponc­tion­nant la peau. Une inter­ven­tion esthé­tique qui sti­mu­le­rait la régé­né­ra­tion cel­lu­laire et ren­for­ce­rait le col­la­gène de la peau, la ren­dant plus écla­tante et ferme.

Des aiguilles réutilisées

Comme nombre de grandes avan­cées de notre temps, on doit l'avènement du "vam­pire facial" à Kim Kardashian qui, tou­jours à la pointe, en van­tait déjà les mérites en 2013. Depuis, la pra­tique s'est lar­ge­ment démo­cra­ti­sée et fait désor­mais par­tie du panel pri­sé des soins esthé­tiques de luxe. En France, l'influenceuse Nabilla Vergara a elle aus­si eu recours à ce trai­te­ment, pro­po­sé dans de nom­breux ins­ti­tuts de beau­té fran­çais – où il coûte en moyenne 500 euros, prix plus répul­sif qu'une gousse d'ail.

Le spa mis en cause dans l'enquête du CDC – aujourd'hui fer­mé – se situe dans la ville d'Albuquerque, au Nouveau-​Mexique. Entre 2018 et 2023, quatre anciennes clientes de l'institut, ain­si qu'un par­te­naire sexuel de l'une d'entre elles, ont été diagnostiqué·es comme porteur·euses du virus du VIH. Tous·tes pré­sen­taient ini­tia­le­ment très peu de risques de contrac­ter la mala­die. Dans son rap­port, le CDC fait état d'une ges­tion alar­mante de ce spa sans licence offi­cielle, où "les pro­cé­dures recom­man­dées de contrôle des infec­tions [n'ont pas été res­pec­tées] et où les dos­siers des clients n'ont pas été conser­vés". L'épidémiologiste Dr Anna Stadelman-​Behar, prin­ci­pale autrice de ce rap­port, ajoute auprès du New York Times : "lorsque nous avons ins­pec­té le spa, il était clair que les aiguilles étaient réuti­li­sées, de même que les échan­tillons de sang".

Bébé vam­pire

Ce sont aujourd'hui 59 client·es qui sont jugé·es sus­cep­tibles par le CDC d'avoir été exposé·es au virus dans cet éta­blis­se­ment. Si ce spa pré­sen­tait des signes de négli­gence peu com­muns, le rap­port du CDC conclut que ces nou­veaux cas de trans­mis­sion du VIH sou­ligne l'importance "des pra­tiques adé­quates de contrôle des infec­tions dans les éta­blis­se­ments pro­po­sant des ser­vices d'injection à visée esthé­tique", ain­si que de se rendre dans des ins­ti­tuts dotés de licences.

Cet épi­sode met par ailleurs en lumière la bana­li­sa­tion des ser­vices d'injections esthé­tiques (il s'agit du pre­mier cas où ces pra­tiques ont mené à une infec­tion au virus du VIH). Popularisés par des célé­bri­tés et des influenceur·euses, ces soins cos­mé­tiques attirent une clien­tèle de plus en plus jeune. Les 18–35 ans repré­sentent désor­mais 50% de la clien­tèle de la cli­nique pri­vée des Champs-​Elysées, lea­der de la méde­cine esthé­tique en France. Ces jeunes adultes ont notam­ment recours à des injec­tions appe­lées "baby botox", cen­sées ralen­tir le vieillis­se­ment de la peau (alors même que de trop nom­breuses injec­tions de botox peuvent pro­vo­quer un vieillis­se­ment pré­coce). Pour ce qui est du "vam­pire facial", l'American Academy of Dermatology, asso­cia­tion de der­ma­to­lo­gistes amé­ri­caine, rap­pelle qu'il s'agit d'un "trai­te­ment non prou­vé" et pas encore stan­dar­di­sé. De quoi s'abstenir de se faire vam­pi­ri­ser la face au nom de la jeu­nesse éternelle. 

Lire aus­si I Chirurgie esthé­tique : 200 chirurgien·nes esthé­tiques dénoncent les dérives de l'utilisation de l'acide hyaluronique

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